Eldorado est une terre fantastique que les conquérants espagnols pensaient trouver entre l'Amazonie et l'Orénoque. Ils croient que de nombreux trésors peuvent être trouvés là-bas, ce qui leur facilitera la vie.
En 1536, une expédition très ambitieuse est organisée à destination de ce qu'on croit être encore les Indes. Environ 800 Espagnols, assoiffés d'or et d'aventure, débarquent sur le continent et suivent le cours du fleuve. Ils croisent les Muiscas, et s'aperçoivent que cette tribu a accès à une grande quantité d'or, qu'ils ne le cachent pas, et qu'ils en donnent facilement. Carl Langebaek, professeur à l'université des Andes, confirme cette situation : « Les Espagnols étaient étonnés de voir que les Muiscas cédaient si facilement leur or. »
En fait, si les Indiens distribuent si facilement les métaux précieux, c'est parce qu'ils pensaient voir les Espagnols quitter leurs terres. Les conquérants étaient convaincus que Muiscas connaissait l'emplacement d'une immense mine d'or. La nouvelle se répandit. En 1547, les Espagnols ont parlé de cette tribu, dont le chef était couvert d'or de la tête aux pieds, et ils ont aussi parlé aussi de cet homme d'or, l'Eldorado. C'est la première fois que le mot apparaît.
En moins d’un an, trois expéditions ont été organisées afin d’explorer le territoire de Muisca au cœur de la Colombie d’aujourd’hui. Ce qui est enregistré dans les archives, c'est une grande quantité d'or (770 kg) et près de 2000 émeraudes capturées par l'expédition. Bien sûr, la tâche ne s'arrêtera pas là, sinon Eldorado ne serait jamais devenu le mythe d’aujourd’hui.
De Sir Walter Raleigh aux explorateurs du XXe siècle, il y a eu des expéditions extravagantes et coûteuses pendant des centaines d'années pour trouver Eldorado et ses richesses, mais aucune d'entre elles n'a réussi. Dans les années 1580, Antonio de Sepúlveda fit l'un des plans les plus ambitieux : il envisagea de creuser un morceau du bord du cratère du lac Guatavita pour assécher le lac et de trouver le trésor qui devait s'accumuler au fond du lac après des siècles de cérémonies de couronnement.
Certains objets en or furent retrouvés sur les bords du lac, mais avant que le lac ne puisse s'écouler complètement, un glissement de terrain bloqua l'entaille et le niveau d'eau du lac recommença à augmenter. Face à une mutinerie de la population locale, les Espagnols furent contraints d'abandonner leur recherche.
En 1909, une autre expédition ambitieuse impliqua la société britannique Contract Limited. Ils ont également tenté d'assécher le lac, ils eurent plus de succès que les Espagnols. Cette fois, la méthode consistait à creuser un tunnel sous le lac et à le drainer. Cependant, lorsque le lac a été vidé, un autre problème est apparu : le fond boueux et mou du cratère était trop profond et trop fragile pour supporter n’importe quel poids.
Pour aggraver les choses, la boue a commencé à sécher rapidement au soleil et est devenue aussi dure que du ciment. De retour à Bogota pour acheter du matériel de forage, les chasseurs de trésors sont tombés de haut à leur retour au lac, car en leur absence, la boue s'était solidifiée dans le tunnel de drainage, bloquant le fossé de drainage et remplissant le lac. Comme il n'y avait pas d'argent pour poursuivre ce projet, les Britanniques, comme les Espagnols et d'innombrables autres avants eux, ont été contraints d'abandonner le projet et n'ont collecté que quelques petits bibelots du lac.
Les résultats de ces expéditions furent donc extrêmement décevants. Un peu d'or fut retrouvé, tout comme quelques pierres précieuses et de la poterie, mais rien, jusqu'à présent, ne correspondant aux fabuleuses richesses décrites dans la légende d'El Dorado. Peut-être, cependant, cela est-il plus juste, car, après tout, les propriétaires originels de cet or et de ces bijoux avaient fait leurs offrandes au soleil et de sorte qu'elles restent là où elles avaient été faites, à jamais, au fond d'un lac, dans les montagnes, au fin fond de la Colombie.